Quand on veut, on peut….

Les élections présidentielles se suivent et ne se ressemblent pas ces derniers temps.

A leur accoutumée, la RDC ou les Comores ont vu leurs résultats contestés par la rue.

Madagascar pour sa part a vu sa Constitution foulée au pied, ses électeurs réprimés et bâillonnés dans la violence et le résultat des urnes volé et imposé sans vergogne.

Les élections présidentielles au Sénégal ne sont pas non plus un long fleuve tranquille. Mais cette fois ci, force est d’admettre que le pays du Teranga offre une très grande leçon de démocratie aux pays africains. Voire aux pays occidentaux, la France ayant par exemple pratiqué la démocratie à grands renforts de 49.3 (28 en 18 mois).

Certes, de nombreux scandales et coups d’éclats émaillent la tenue de ces élections sénégalaises. Mais les peuples africains ont surtout pu assister, admiratifs et envieux, à de grands moments de bravoures. Bravoures patriotiques. Bravoures constitutionnelles. Bravoures politiques.

On y a vu des candidats récusés car possédant une autre nationalité, ce qui est contraire aux exigences de la Constitution sénégalaise.

On y a vu un candidat renoncer publiquement et solennellement à sa nationalité française, Mettant en avant l’amour de la Patrie et en exergue l’importance de la fonction de Président de la République. Simple question de loyauté et de respect envers le peuple dont il a la prétention de diriger la destinée.

On y a vu une candidate être mise en garde à vue car ayant volontairement tu sa possession d’une double nationalité. Ce qui est considéré à juste titre comme une fraude et un non-respect, voire une insulte à la Constitution. Outrage extrême de la part d’un candidat à la magistrature suprême

On y a vu un candidat demander le report des élections, en regard des irrégularités du processus électoral et des risques de résultats litigieux, contestés et contestables.

Et cerise sur le gâteau, on y a vu un Président en exercice prendre acte des revendications de l’opposition et annoncer le report sine die des élections.

C’est dire à quel point la pratique de la démocratie n’est pas qu’un vain mot pour la grande partie de la classe politique au Sénégal.

C’est dire à quel point, au Sénégal, l’accès à la magistrature suprême est une chose importante, prise au sérieux et est traité comme il se doit.

Aujourd’hui, ces péripéties électorales sénégalaises liées à la nationalité française des candidats résonnent douloureusement dans la vie politique malgache.

Mêmes causes, mêmes effets, mais pas du tout la même appréhension du problème par les acteurs concernés. Et pourtant les similitudes étaient nombreuses.

Madagascar et le Sénégal sont deux anciennes colonies françaises et ont obtenu leur indépendance en 1960.

Le Sénégal n’a jamais connu de coups d’Etat. A Madagascar, le pouvoir préfère jouer sur les mots. Et l’Histoire dit on est écrite par les vainqueurs, au détriment des générations futures.

En tant qu’anciennes colonies françaises, de nombreux hommes politiques malgaches et sénégalais possèdent la double nationalité.

La Constitution sénégalaise précise qu’un candidat à la magistrature suprême doit être exclusivement de nationalité sénégalaise. La Constitution malgache exige qu’un candidat doit obligatoirement posséder la nationalité malagasy. Le Code de la nationalité malgache pour sa part est très clair sur la perte de la nationalité malagasy pour un citoyen majeur qui demande volontairement une autre nationalité.

Le Sénégal n’a aucun conflit territorial avec son ancien colonisateur qui reste son premier partenaire économique. Madagascar a également gardé la France comme premier partenaire économique, mais est en conflit ouvert avec elle sur le sujet des Iles Eparses.

Ici s’arrêtent les similitudes du contexte politique entre les deux pays.

Pour mieux comprendre l’ignominie de la classe politique malgache actuellement au pouvoir, il faut cependant pousser la comparaison plus loin, quitte à ouvrir la boite de Pandore.

Le Sénégalais Karim Wade a acquis la nationalité par filiation, sa mère étant française. Etant de plus né à Paris en 1968, la nationalité française aurait pu lui être accordée automatiquement par droit du sol. La France lui a donc donné la nationalité française, sans que lui la demande.

Andry Rajoelina a acquis la nationalité française suite à sa demande volontaire et expressede cette nationalité. Et ce alors qu’il exerçait les plus hautes fonctions en tant que Président de la HAT. La France a donc répondu favorablement à sa demande et lui a octroyé la nationalité française.

Face à la polémique engendrée, le Sénégalais Karim Wade a officiellement et volontairement renoncé à la nationalité française, son amour et sa loyauté pour le Sénégal primant sur tout. Patriotisme et responsabilités obligent.

Face à la polémique, Andry Rajoelina a annoncé que la nationalité n’était qu’un petit bout de papier de 8 cm et n’avait d’utilité que pour faciliter les études de ses enfants. Donc que le débat était clos et n’avait d’ailleurs pas lieu d’être. Insultant ainsi 28 millions de malagasy et insultant par la même occasion la France, la nationalité française semblant donc être une nationalité de complaisance, n’ayant de valeurs que les privilèges administratifs qui l’accompagnent. Intérêts personnels obligent.

La Sénégalaise Rose Wardini a pris le chemin de la garde à vue pour avoir déposé sa candidature en taisant l’existence de sa double nationalité, et ce faisant, en ignorant ostensiblement et sciemment les textes de la Constitution. Car au Sénégal, on ne badine pas impunément avec la Constitution.

Andry Rajoelina a également tu sa double nationalité acquise en 2014. Il s’est ainsi présenté aux élections présidentielles en 2018et les a remportées en mentant aux institutions et au peuple. En 2023, malgré le fait que les preuves de l’obtention de sa nationalité française et de la perte de sa nationalité malagasy aient été avérées, sa candidature a quand même été acceptée et validée par la HCC. Car à Madagascar, on peut acheter les institutions.

Suite aux contestations, Macky Sall, le Président en exercice au Sénégal s’est montré ouvert aux discussions et a reporté les élections sine die. Jouant la démocratie et afin d’éviter ainsi toute crise postélectorale

Suite au contestations, Andry Rajoelina, le Président démissionnaire a continué à jouer au Président en exercice, a catégoriquement refusé toutes discussions et est allé aux élections à marche forcée. Jouant le bras de fer et pensant éviter ainsi toute crise postélectorale.

Benjamin Franklin disait « La démocratie, c’est deux loups et un agneau votant ce qu’il y aura au dîner. La liberté, c’est un agneau bien armé qui conteste le scrutin ».

Le Sénégal l’a bien compris en mettant en place des institutions fortes sur lesquelles se reposer si le au pouvoir en place venait à vouloir n’en faire qu’à sa tête.

La classe politique sénégalaise l’a également bien compris, en conjuguant démocratie avec patriotisme, responsabilités et amour du pays, en jetant aux orties la possession d’une nationalité étrangère quand on prétend aux plus hautes fonctions de l’Etat.

A Madagascar, Andry Rajoelina et le pouvoir en place se moquent totalement de la démocratie et des textes fondateurs. Ignorant ostensiblement les millions de citoyens malgaches qui n’aspirent qu’à vivre cette démocratie.

Après 60 ans d’indépendance, le Sénégal peut se permettre de toiser l’Afrique en général et Madagascar en particulier, et de nous assener cette magnifique leçon de démocratie

Certes, rien n’est éternel, la roue tourne, tout se paye, on ne récolte que ce qu’on sème…. Un peuple bafoué se console comme il peut.

Mais l’autre grande leçon que nous offre le Sénégal est que la démocratie est le combat du peuple. Le combat de chacun. Pas d’un pouvoir en place. Pas de quelques opposants. Pas même d’un Collectif.

A chaque citoyen malgache de faire sienne cette leçon de démocratie sénégalaise.

A chaque citoyen malgache de prendre son destin en main et son courage à deux mains.


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